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Le miracle est une tricherie de Dieu. Par Lionel Degouy.
Le miracle est une tricherie de Dieu. C’est ainsi qu’il lui plaît de chambouler nos habitudes mortelles, nos ambitions basses et tordues. C’est ainsi qu’il nous fait découvrir la rupture possible avec une vision linéaire du Temps, ou avec la logique, la folie, ou la souffrance intérieure due aux remords. Et, pour tout cela, j’aime dire la douleur ou même l’orgueil qu’un trop faible amour de soi provoque, et je dis le miracle de la douceur de l’Évangile qui chaque jour nous est donnée. Je dis le miracle du pardon, comment il est rupture dans la haine, comment il est re–naissance ou re–connaissance donnée à chacun, à tous. Je dis…
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On va s’aimer. Par Lionel Degouy.
On va s’aimer. C’est sûr. Et pour toujours. Un jour. Un jour de grand soleil, un jour de pluie. Un jour de guerre, un jour de paix. Un jour de haine. Un jour de peine, un jour de joie. Pour que nous soyons bien convaincus de l’infernale beauté du monde qui nous est offert. Mais aussi du monde qui vient. Celui qui sans détours vaincra. Ne serait-ce que pour l’amour du beau. Un jour. Un jour, et pour toujours, on va s’aimer : qu’il est facile de simplement bien formuler la vérité ! Cette absolue vérité : l’amour comme chemin, l’amour comme fin. C’est bien ici la seule échappatoire, vraiment…
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Les évasions furtives de François Milhiet.
En dehors de la nécessité de prendre soin les uns des autres, à mes yeux, seuls l’humour, la création de l’artiste et les textes du poète désabusé face à la noirceur du monde sont sérieux. Le reste ne m’intéresse guère sauf ce qui relève du moment présent et qui dans une forme de méditation nous fait oublier le monde et notre condition. L’agape, la philia, l’éros, la storgê en sont des dignes représentants. Une balade, un beau paysage, une belle musique, me conviennent aussi parfaitement. Et lorsqu’on arrive, sur un court et magique instant à en réunir plusieurs alors quel bonheur !
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L’oppression. Par Lionel Degouy.
Deux mondes s’affrontent, et c’est terrible. L’oppression devient la règle. Personne ne semble l’imaginer ainsi, mais c’est l’amour contre la haine et l’autre n’est plus rien. On peut y glisser des évidences débiles, des jugements quasiment pathologiques de mépris du différent, rien n’y fait : on est haïs. Et on haït tant l’amour parfois que rien n’est plus tenable, rien n’est plus, nulle part, autre chose que ce désarroi totalement affligeant : il faut la guerre. Et pourtant si j’ai peur, ce n’est que très rarement pour moi, mais bien pour ces gamins, ces jeunes que l’on laisse là, sur le bord du chemin. Des gamins qui ne prendront jamais…
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L’enfermement. Par Lionel Degouy.
Quelque part en France, une amie, Cécile, a décidé hier, de se donner la mort. La beauté déchirée, cette innocence aux yeux pleinement ouverts devant l’horreur du temps et l’inutile douleur du monde, se voit taxée de folie. Rien que de folie qui, douce ou pas, impose l’internement. Impose l’observation. Pour que tout l’inconnu s’enfuit dans le connu. Mais pour que l’on oublie aussi, hélas, d’appeler un chat un chat. La science est là, c’est sûr. Ainsi, par exemple, bien trop souvent le désespoir est appelé « mélancolie » ou « dépression », et la révolte, nécessairement éparse en ces temps de grand désarroi, porte le nom de « délire…