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Le déni d’humiliation. Par Olivier Abel.
Nous avons globalement fait fausse route. Le drame des caricatures n’est que la partie visible d’un énorme problème, qui touche la fracture sociale, mais aussi le monde des entreprises, les réseaux sociaux, la vie ordinaire. Nous nous sommes enfoncés dans le déni de l’humiliation, de son importance, de sa gravité, de son existence même. Nous sommes sensibles aux violences, comme aux inégalités, mais insensibles à l’humiliation qui les empoisonne. Comme l’observait le philosophe israëlien Avishaï Margalit, nous n’imaginons même pas ce que serait une société dont les institutions (police, prisons, hôpitaux, écoles, etc.) seraient non-humiliantes. Il faut dire que la question est compliquée, et comme invisible. L’humiliation est subjective et…
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L’enfermement. Par Lionel Degouy.
Quelque part en France, une amie, Cécile, a décidé hier, de se donner la mort. La beauté déchirée, cette innocence aux yeux pleinement ouverts devant l’horreur du temps et l’inutile douleur du monde, se voit taxée de folie. Rien que de folie qui, douce ou pas, impose l’internement. Impose l’observation. Pour que tout l’inconnu s’enfuit dans le connu. Mais pour que l’on oublie aussi, hélas, d’appeler un chat un chat. La science est là, c’est sûr. Ainsi, par exemple, bien trop souvent le désespoir est appelé « mélancolie » ou « dépression », et la révolte, nécessairement éparse en ces temps de grand désarroi, porte le nom de « délire…