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Charly Valjean.
Charly, c’est comme une petite sœur. Même que tu as toujours peur qu’elle se casse la goule et qu’elle se blesse aux mains, aux genoux, ou sur le bout du nez. Au début, tu la surveilles, et puis, comme c’est fatiguant de surveiller, tu l’observes. Elle t’étonne sans cesse. Et tu finis par l’aimer… quand elle rit, quand elle pleure. Quand elle boude. Mais elle ne boude jamais bien longtemps, Charly… Elle est bien trop pleine de vie pour ça.
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Le second manifeste d’Alter Cogito. Texte : Lionel Degouy. Photo : Natalia Soreyn.
L’amour et le pardon, la compassion, l’oubli de soi, l’abandon à l’autre, sont des postures éminemment politiques. C’est d’ailleurs l’amour seul qui nous invite à ces postures. Il est, de ce fait, présent en tout ce qui peut faire de nous des femmes et hommes libres. C’est acquis. Et la pertinence des différents messages humanistes face à nos désarrois contemporains pourraient désarçonner bien des consciences, bonnes ou mauvaises, et faire ainsi que l’Homme reconnaisse tout autant la bonté qu’il a reçu que celle qu’il donne. Il faudrait, pour ainsi dire, parler d’amour, de compassion, d’oubli de soi, d’abandon à l’autre, quand on parle politique. Mais également de réconfort. De celui…
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Cour Pénale Internationale – 20 Mai 2024.
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De ces deux choses il ne demeure rien. Par Lionel Degouy.
De ces deux choses il ne demeure rien : l’existence est défunte tout autant que l’idée. La guerre est arrivée. Totale. Il n’y avait pas grand-chose à faire. Pas grand-chose. Pour le moins faut-il penser que nous étions nombreux à la prévoir, sans pouvoir aucun pour l’arrêter à temps. Mais s’il faut dire la lassitude des sentiments de paix, n’annonçons pas pour autant leurs faiblesses. Cela malgré le fait que le néant demeure au rang des intrigants échanges du monde à venir, celui qui verra notre fin. Et rien ne viendra nous rassurer ; il serait inutile d’espérer. Comme il est inutile de dire ce que chacun vécu de ces…
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Violences collatérales. Par Lionel Degouy.
J’ai dans la tête un morceau de Schubert : « la jeune fille et la mort ». Et je repense à ces moments passés à espérer autre chose que la misère pour mes semblables et moi-même. Et pour toutes ces jeunes filles en fleur que j’ai connues, croisées, aimées. Parfois dans le malheur. Mais malgré les risques de chagrins inéluctables, parfois l’espace d’un jour, parfois l’espace d’une seconde, j’abandonnais tous mes rêves de grandeur pour l’insouciance d’une journée passée sous le soleil immense de la langueur. Depuis, ma faiblesse a fait que je n’y ai pas changé grand-chose, et que je reste inapte au bonheur. Je ne puis donc rien regretter – tout…
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Comme une pensée trop légère…
Il existe des instants nécessaires au repos de l’esprit. D’autres que moi, ont composé des lignes pour que les femmes aient leur pesant – on croit rêver !… de justification ! sereines ou tourmentées, tout à la fois belles et rebelles. En voyant cette image d’Héloïse, je me permets des mots qui ne sont pas et ne seront jamais, j’invente un univers qui n’était pas et qui pour elle se crée pourtant. Sans alternative possible à l’amour, je vais, je viens plein d’une folie douce : aimer les femmes en vérité. Mais en serais je bien un jour capable ?
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Le miracle est une tricherie de Dieu. Par Lionel Degouy.
Le miracle est une tricherie de Dieu. C’est ainsi qu’il lui plaît de chambouler nos habitudes mortelles, nos ambitions basses et tordues. C’est ainsi qu’il nous fait découvrir la rupture possible avec une vision linéaire du Temps, ou avec la logique, la folie, ou la souffrance intérieure due aux remords. Et, pour tout cela, j’aime dire la douleur ou même l’orgueil qu’un trop faible amour de soi provoque, et je dis le miracle de la douceur de l’Évangile qui chaque jour nous est donnée. Je dis le miracle du pardon, comment il est rupture dans la haine, comment il est re–naissance ou re–connaissance donnée à chacun, à tous. Je dis…
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Corinne ou les folles amours inconnues.
Dès les premiers instants, ce fut l’amour à la folie. Comment dire ce que l’on ne sait pas, comment dire, d’ailleurs, ce qui ne se dit pas. Comment dire l’âme extraordinaire de Corinne. Car Corinne est belle ; et la beauté des femmes se perd parfois dans les méandres d’un patriarcat pourri au point de faire flancher les petits chefs de guerre les plus redoutables. Et cela dans les moments de gloire, de guerre, de pleurs et de victoires. Comment dire bien ce qui, nécessairement, prend la forme tortueuse de l’amour fort et profond pour une femme que l’on ne connaît pas ou peu. C’est le désir des autres, oui,…
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Les ventres de nos mères. Par Lionel Degouy.
Qu’ont-ils donc fait de 68 ? De tout cet avenir. De toute cette espérance qui me vit naître. Qu’ont-ils donc à cracher sur leur jeunesse ? Qu’a-t-il pu se passer durant ces cinquante-deux dernières années ? Certainement pas la liberté des peuples. Pas même du nôtre. Tant il est vrai que ce n’est pas la liberté qui tue les peuples et les nations ; mais l’oppression. J’en pleure souvent de voir jaillir toute cette haine, tout ce rejet de l’autre, de l’étranger – toujours lui – du différent. On connaissait la chanson, mais elle devient rengaine mortelle ou assassine. Disons les choses en vérité : il n’y a plus d’espoir…
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Musée Fabre, à Montpellier : comme dans les bras d’une jolie fille. Par Lionel Degouy.
Entre autres mille choses, pour affiner mes sens, chaque fois que je le peux, je passe les portes enfin déverrouillées du musée Fabre, à Montpellier. Le soleil y entre à volonté, par ces nombreux beaux jours, et vient, du haut du bâtiment, à travers le verre poli, glisser le long du noir immense de Pierre Soulages : la lumière blanche et crue face à l’assombrissement presque total de tous les êtres et des choses. Entre eux, nous. À quelques marches à peine, dans les bas-fonds de la structure, se trouve, comme en opposition, l’obscure intimité d’un Rubens, d’un Breughel ou d’un Bloemen en leurs écrins dorés, créateurs d’ombres brunes. Partout…