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Il restaure mon âme à cause de son nom (Inédit). Par Pauline Picot – Avril 2021

Je prends la piste.

Je risque ma vie.

À cette époque on peut dire qu’on risque sa vie.

Je prends la piste.

Je fonce vers Dieu.

Chaque tour de piste me rapproche de Dieu.

Le cercle fini devient cercle infini.

Chaque tour de piste m’éloigne de la mort.

Chaque victoire éloigne sa possibilité même.

Chaque trophée est gagné sur la mort.

Chaque trophée est offert à Dieu.

Je mets ton casque

Je ne risque rien

Je mets ton casque et je ne crains plus

La vallée de l’ombre de la mort

N’est plus vallée

N’est plus ombre

C’est une ligne droite flamboyante

Vers le drapeau à damier

Où tu m’attends bras ouverts

Le visage enfin lavé

Et tu avais raison :

Quand on met ton casque on voit Dieu.

Car alors on devient toi,

Son Fils ou quelque chose d’approchant,

Cet orgueil de te croire Son Fils qui t’a été tant reproché,

Mais il faut croire qu’à travers la visière,

Oui on pouvait voir Dieu fêter tes triomphes

Assis dans les tribunes

C’est mon fils, vous avez vu ?

Ainsi nous formons cette Trinité arrogante

Toi qui as vaincu la mort

Moi qui me berce en toi

Et Dieu qui porte tes couleurs

Pauline Picot est autrice, performeuse et doctorante.  Les éditions Quartett ont publié ses textes théâtraux en 2012 (Les Possibles de son corps), 2014 (IAN) et 2015 (Des camisoles (et autres textes)) et les éditions Les Éclairs ont publié sa brève fiction poétique, À l’heure qu’il sera, en 2017. Son écriture, dense et précipitée, déploie une partition vocale à la fois lyrique et brute où elle interroge sa porosité au monde. Accompagnée de comédien(ne)s, de musicien(ne)s et de photographes, elle crée des mises en voix de ses textes ou des commandes originales pour le plateau ou la création vidéo. Depuis 2019, elle travaille avec l’écriture et la performance autour d’Ayrton Senna, icône du sport automobile décédée sur circuit en 1994. Par ailleurs, elle achève une thèse de théâtre à l’Université Lumière Lyon 2, dans laquelle elle interroge l’imaginaire du fluide (magnétisme, électricité, spiritisme) dans le théâtre du XIXe siècle.

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